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Voie Graduelle du Yoga tibétain

Avant propos

Notre être se constitue du corps, du souffle et de l'esprit. Nous entraîner à une vigilance synchrone des trois, nous amène peu à peu à une harmonie intérieure et à une simplicité naturelle. Le mot "yoga" (tib. Neldjor) veut dire "union" (tib. Djor) avec la nature essentielle (tib. Nel) de notre esprit.

En unissant la détente et la vigilance, ce yoga propose de dissiper l'égocentrisme, cause des perturbations émotionnelles, et de laisser place à la sagesse spontanée.

Par la pratique assidue de ce yoga, nous pouvons dissiper les quatre voiles qui recouvrent la nature essentielle de notre esprit.

Ces voiles, accumulés depuis des temps sans commencement, nous introduisent dans une relation confuse au monde, aux autres et à nous-même. Nous agissons selon diverses impulsions et automatismes qui ne font que renforcer la confusion de notre esprit.

Une fois ces voiles complètement dissipés, nous faisons l'expérience directe de la nature essentielle de notre esprit. Tous les êtres vivants, sans exception, possèdent cette nature éveillée, appelée "bouddha" en sanscrit. Cette nature de bouddha est comparable au soleil et les voiles qui la recouvrent sont comme les nuages. Une fois les nuages dissipés, le rayonnement du soleil se fait spontanément parce qu'il a toujours été là. La nature essentielle et ultime de notre esprit n'est ni produite, ni composée. Elle est non-née, non-créée, éternelle. Par contre, les voiles de notre esprit procèdent de causes et conditions. Ces voiles sont adventices à la nature essentielle. Ils n'ont donc aucune incidence sur cette nature, de même que les nuages, blancs ou noirs, n'auront aucune incidence sur la nature de l'espace et du soleil. Ces voiles ont une incidence sur nos perceptions de la réalité de l'espace et de la luminosité de notre esprit.

L'enseignement du Bouddha Shakyamouni propose une diversité de méthodes pour reconnaître cette nature ultime de notre esprit. La tradition en dénombre 84000. Toutes ont pour effet de dissiper les voiles qui recouvrent la nature ultime de notre esprit.

Le "yoga de l'intériorité" rassemble plusieurs de ces méthodes qui visent à purifier nos canaux subtils, nos souffles subtils et nos grains principiels (sct. Bindu : tib. Tiglé). C'est en purifiant ces trois éléments qui constituent notre être, que nous dissiperons les voiles et la confusion de notre conscience .

 

Chapitre I

Prendre conscience de l'insatisfaction et de la satisfaction,

puis de leur caractère impermanent

 

Ce chapitre peut être placé en parallèle avec l'enseignement des "quatre nobles vérités"

I. Les quatre nobles vérités

Le Bouddha Shakyamouni exposa le fondement de son enseignement sur quatre affirmations que l'on nomme ; les "quatre nobles vérités".

  • A) La vérité de la souffrance
  • B) La vérité de la cause de la souffrance
  • C) La vérité de la cessation de la souffrance
  • D) La vérité du chemin vers cette cessation

"Vérités" dans le sens où leur affirmation est basée sur des expériences qu'il est possible de faire à notre tour en s'appliquant à l'écoute, la réflexion et la méditation. "Nobles" dans le sens où le fruit de ces expériences est la libération de la souffrance et la réalisation de la noble nature de l'esprit. Elles ont été enseignées dans un ordre précis qu'il est important de respecter dans notre pratique.

Par le fait que nous ne reconnaissons pas cette vacuité, nous "médiatisons" notre relation à nous-mêmes. Nous croyons être "agent" de l'expérience. Nous établissons alors nos relations avec notre propre esprit en terme d'ego. C'est ce que l'on appelle la saisie égocentrique, une construction virtuelle d'un pôle de référence que l'on tente confusément et incessamment de maintenir dans nos relations avec le monde phénoménal lequel est alors expérimenté en terme d'altérité. A l'intérieur de ces relations dualistes (sujet-objet ou ego-altérité) s'instaurent des schémas pathologiques (les émotions) qui conditionneront notre devenir. Ce conditionnement procède d'un processus causal qu'on appelle la "loi de causalité des actes" (sct. Karma)...

...Le Bouddha Shakyamouni enseigna cinq ordres, ou processus, dans les domaines physiques et mentaux.

1) Processus du karma

C'est l'ordre au niveau du mental de l'acte et du fruit. En résumé : tout acte vertueux produit un effet vertueuxet tout acte non-vertueux produit un effet non-vertueux.

2) Processus physique inorganique

C'est l'ordre au niveau des phénomènes du monde, par exemple les phénomènes saisonniers des pluies et des vents…

3) Processus physique organique

C'est l'ordre au niveau du monde végétal par exemple : une graine de blé produit du blé, la saveur sucrée produite par la canne à sucre ou le miel…(La théorie des gènes et des cellules, la causalité héréditaire, virale etc… pourrait se reporter à cet ordre).

4) Processus de l'esprit

C'est l'ordre au niveau de la conscience avec ses différents pouvoirs, par exemple la clairvoyance, la clairaudience…

5) Processus du Dharma

C'est l'ordre au niveau de la "Loi". Les phénomènes qui se manifestent par exemple lors de la dernière naissance d'un Bodhisattva…

Tout phénomène physique ou mental relève de ces cinq ordres qui sont des lois et régissent l'univers ; le karma n'étant que l'un de ces ordres. De même que les phénomènes naturels obéissent à une loi qui leur est propre, la loi de causalité des actes agit dans son domaine particulier qui, en l'occurrence, est l'esprit de tout être vivant. Cette loi n'a pas été instaurée par une personne ou par une instance surnaturelle extérieure et toute puissante. Cette loi procède du fonctionnement de la conscience qui saisit un ego.

 

 

Chapitre II

Prendre conscience de l'amour

et de la compassion envers tous les êtres

Jusque-là, nous nous sommes préoccupés de notre situation personnelle, c'est à dire, nos conditions émotionnelle et égocentrique puis leur purification. Nous avons compris la souffrance et la cause de la souffrance qui constituent les première et deuxième nobles vérités. Nous nous sommes également engagés dans l'application des troisième et quatrième vérités, mais sur la base de considérations limitées. Nous nous sommes contentés d'assimiler la vérité du nirvana à la reconnaissance du non-ego et la vérité du chemin à celle de la méditation des douze facteurs interdépendants. Cette vue est conforme au Hinayana (petit véhicule). Mais le chemin graduel du Yoga de l'Intériorité va nous amener à considérer plus subtilement les troisième et quatrième nobles vérités. D'abord du point de vue du Mahayana (grand véhicule) pour ce chapitre II, puis du point de vue du Vajrayana (véhicule adamantin) pour le chapitre III.

Dans ce chapitre II, nous élargissons notre motivation et notre compréhension de la souffrance. Nous prenons en considération tous les êtres sans exception ; nos amis, nos ennemis et ceux qui nous sont indifférents, tous les êtres de tous les types d'existences.

Tous ces êtres désirent obtenir le bonheur mais ne connaissent pas les moyens efficaces de l'obtenir. Nous développons une compassion inconditionnelle envers tous les êtres que nous considèrons comme nos parents d'antan. Nous mettons en pratique la Bodhicitta relative par la méditation de "Tong Lèn" (donner et prendre).

Chapitre III

Le yoga du corps subtil

Le chapitre I résume l'enseignement du "petit véhicule" (Hinayana) qui regroupe les pratiques où il est fait appel à une considération et une application directement personnelles. Le fruit de ces pratiques est la réalisation du non-ego et l'individu qui le réalise en obtient seul le bénéfice.

Le chapitre II résume l'enseignement du "grand véhicule" (Mahayana) qui regroupe les pratiques où il est fait appel à une considération et une application altruistes. Le fruit de ces pratiques est la réalisation de la vacuité et donc de la compassion.

C'est une erreur courante d'associer le Hinayana avec la tradition Théravada. Cette tradition bouddhique renferme la totalité des pratiques qu'enseigna le Bouddha Shakyamouni. Les termes Hinayana et Mahayana relèvent d'une classification tardive des enseignements du Bouddha Shakyamouni pour marquer la corrélation entre l'envergure de la motivation qu'implique une pratique et son fruit.

Prenons, par exemple, la méditation sur la putréfaction d'un corps. Cette pratique est l'antidote au désir-attachement immédiatement lié au corps. Son domaine implique une considération personnelle et la portée de son fruit est une libération de l'emprise émotionnelle. Ce type de pratique est classée dans le Hinayana. Cette façon "allopathique" de procéder consiste à soigner le symptôme en incriminant un supposé objet. L'efficacité d'un tel procédé n'est pas à mettre en cause. Si nous sommes pris d'une rage de dent, il est raisonnable d'aller au plus urgent et d'accepter une anesthésie. Il s'agit de dégrossir le terrain avant d'entreprendre des investigations plus subtiles.

Dans le cadre du Mahayana on trouve des pratiques qui vont nous amener à rendre compte de la vacuité du sujet comme de l'objet. L'émotion nous avertit d'une méprise de l'esprit tant au niveau du sujet qu'au niveau de l'objet. Transformer notre perception de la situation nécessite avant tout de ne plus se plaindre et d'avoir un regard sur le sort commun des êtres. La pratique par excellence du Mahayana est celle des six "perfections" (sct. Paramitas) : Libéralité, éthique, patience, énergie, concentration et sagesse. Nous ne pouvons pas les pratiquer sans un rapport à l'autre. La transmutation des émotions va s'opèrer, de plein droit, au bénéfice de l'autre et de soi.

Ce chapitre III résume l'enseignement du "véhicule adamantin" (Vajrayana) qui est un prolongement du Mahayana en ce sens où ses pratiques insistent également sur une motivation altruiste et le sens de la compassion. Il est cependant plus profond parce qu'il considère l'immédiateté de l'Eveil et qu'il unit les deux qualités essentielles de l'esprit : clarté et vacuité. Dans le cadre du Vajrayana on garde de l'émotion toute la vaillance et l'authenticité essentielle. Une adhésion réelle au renoncement et à la Bodhicitta nous préserve de toute erreur.

 

QUINTESSENCE

 

Les cinq éléments

D'une façon habituelle les cinq éléments sont appelés :

Terre, eau, feu, air et espace.

Ils sont compris dans l'esprit sous des modalités subtiles. Du fait de leur présence en l'esprit viennent les cinq éléments du corps sous d'autres modalités moins subtiles. De là vient la possibilité d'appréhender le monde extérieur qui, lui, contient les cinq éléments sous les modalités habituelles que l'on connaît ; terre, eau, feu, air et espace.

Les cinq éléments désignent des caractéristiques de l'expérience de l'esprit. Du point de vue de la confusion, ces caractéristiques vont contribuer à l'élaboration et la justification de l'ego sur un registre de solidité, continuité, perceptibilité, motilité et distinctibilité. Ce registre est propre à chaque être et relatif à sa condition existentielle (animale, humaine etc.) ou au Bardo qu'il traverse.

Les cinq agrégats

Tout être vivant est constitué des cinq agrégats en rapport avec leur condition existentielle.

Avec la structure des cinq éléments apparaît la structure des cinq agrégats. Ils correspondent aux cinq Bouddhas masculins associés à cinq qualités primordiales de l'Eveil : clarté, équanimité, omniscience, non-obstruction et omniprésence, c'est-à-dire les divers aspects d'activité pure de notre esprit.

Du point de vue de la confusion, ces qualités d'Eveil s'appliquent en mode d'identification plus ou moins grossière. Dans l' élaboration de la saisie d'un ego, l'esprit confus dispose de cinq secteurs d'identification qui sont appelés les cinq agrégats : corporalité, sensation, perception, volition et conscience.

Les cinq Dhyanis Bouddhas

Tout au long de la genèse de l’ego à travers les agrégats, l’esprit se confronte à la nature ultime de toutes choses, la vacuité. Il va y impliquer divers types de relations, d’énergies et d’émotions. C’est ce que nous allons voir à travers ce qu’on appelle les cinq Dhyanis Bouddhas.

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