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La famille vajra (diamant)
C’est le bouddha Akshobya qui enlace sa parèdre
Sangyé Tchenma. Son corps est bleu. L’Éveil de
cet aspect est la sagesse semblable au miroir.
L'acuité du miroir est sans ambages et sans
détour. Elle renvoie sans intention aucune et sans
avoir à se déplacer. La projection de l'autre
retourne à lui-même. Ce n'est pas tant le
miroir, mais le reflet qui nous renvoie à
nous-même et à nos propres intentions. Aussi il
n'est pas nécessaire d'user d'aversion et de
répulsion pour renvoyer à l'autre. Cette
activité est indissociable de la transparence. La
puissance de l'énergie vajra vient du fait qu'il n'y
a pas lieu “d'aller en dehors”, de “sortir de soi”. C'est
l'inébranlable (sct. Akshobya), l'immuable et
l'invulnérable. La confusion “vajra” se manifeste
sous forme d’aversion et de répulsion avec
l’intention de nuire avant d’être
inquiété et envahi. Nos peurs et nos phobies
vont être d’autant plus justifiées à nos
yeux que nos fantasmes vont prendre corps. On va pouvoir
même accuser des faits et gestes et prêter des
intentions aux choses comme aux êtres. Dans ce
délire il n’y a pas de discernement, de clarté
et de perspective. Notre cercle est trop resserré ;
il est devenu vicieux et infernal. On essaie d’y mettre de
l’ordre et c’est du totalitarisme. On essaie de donner du
sens et cela tourne au dogmatisme. On voudrait
maîtriser, on est rigide. On se voudrait plus
spontané, on est pulsionnel. Le terrain qu’on
souhaiterait sûr et stable se dérobe à
chaque instant, alors on tente de manipuler et de modeler le
monde, l’autre… L’agrégat corporalité ne peut
pas garantir la solidité que recherche l’esprit pour
l’établissement d’une entité-ego. Cette
distorsion peut pousser notre aversion pour quelqu’un
jusqu’à une agressivité extrême. La
haine se substitue à la peur. De plus, puisque la
corporalité se révèle vide et sans
garantie pour l’ego, celui-ci va tenter de se projeter dans
l’agrégat sensation (Cf. bouddha Ratnasambhava) et la
haine peut être d’autant plus inhumaine qu’elle se
cherchera du sens. Toute l’ambiguïté, que
certains psychanalystes relèvent dans la haine comme
dans le désir, se façonne à cet
instant. La haine procède d’une
désespérance du sens, tandis que le
désir-attachement procède d’une
espérance du sens. On est déjà loin de
la simplicité ordinaire de l’aspect bouddha.
Rappelons ici qu’il s’agit d’émotions perturbatrices
(sct. kléchas) qu’il ne faut pas confondre avec des
sentiments délibérés.
L’aversion-répulsion n’est pas similaire au fait de
se fâcher pour telle ou telle chose. De même,
l'amour-bienveillance est à distinguer du
désir-attachement.
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