Kuan Yin

L’incarné

Dans le sillage de mes corps
Entassés vies après morts
Phantasmes après phantasmes
J’ai nourri mes charniers
Et j’ai pleuré sur mes tombes.

Pour mieux ne rien entendre des sarcasmes
Du temps et du vide
J’ai fait de ma chair
La charnière de rencontres improbables
Et j’ai pleuré sur mes ombres.

Pour mieux m’endurcir aux combats
Contre vents et rumeurs
J’ai fait du monde
Le foyer de ma solitude
Et j’ai pleuré sur mes décombres.

Dans l’effondrement de tout espoir
Au regard sans détour de mes plaies
J’ai fait de l’illusion
Un havre lumineux d’amitié
Et j’ai pleuré pour les êtres sans nombre.

 

  Lama Shérab novembre 2011

Kuan Yin dans la posture d'aisance. Un aspect d'Avalokita