MLes dix Paramitas

Transcription extrait d'un enseignement original de Lama Neldjorpa Shérab

sur le véhicule unique (sct. Ekayana)

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Les Paramitas de Libéralité, d'Ethique, de Patience, d'Enthousiasme, de Concentration, de Connaissance, d'Aspiration Sûre, de Moyen Habile, de Contrôle et de Sagesse Primordiale.

Le terme sanscrit Paramita a le sens de "être passé de l'autre côté". Il est traduit généralement par Perfection. Il est enseigné plus couramment les six premières Paramitas. Les quatre dernières Paramitas font plus appel à des notions du Vajrayana.

Dans le Mahayana, les cinq premières Paramitas (Libéralité, Ethique, Patience, Enthousiasme et Concentration) sont associées à la Méthode. La sixième Paramita (Connaissance, tib. Shérab) est associée à la Sagesse. Cette paramita garantit la souplesse dans l'approche de la Méthode et la fermeté dans la Vue de la vacuité. Elle évite tout fanatisme. En contre partie la Méthode permet d'éviter la mystification. Il est dit que Méthode et Sagesse sont indispensables comme les deux ailes de l'oiseau. La Paramita de Shérab (sct. Prajnaparmita) a pour objet la vacuité. Elle s'acquiert par la pratique de Vipassana (dans sa vue bouddhique). Les trois Paramitas suivantes (Aspiration Sûre, Moyen Habile et Contrôle) sont en quelque sorte la contribution active de Shérab pour réaliser Yéshé, la Sagesse primordiale. Shérab est la Sagesse acquise et Yésché est la Sagesse innée. Réaliser l'indissociabilité des deux Sagesses, c'est actualiser notre potentiel de Bouddhéité (sct. Tathagatagarba). C'est l'Eveil.

Quand Shérab est parachevée, notre aspiration (tib. Meun) est confirmée et s'intègre dans le chemin (tib. Lam) du Bodhisattva. On traduit généralement Meun Lam par Souhait. Plus précisément il s'agit de l'Aspiration canalisée dans la spontanéité. Toute aspiration est faite dans la Vue de la vacuité pour le bien des êtres. Toute action est spontanément conforme à l'esprit d'éveil (sct. Bodhicitta). Le fait même de dormir est devenu Meun Lam. L'aspiration égocentrique au bonheur est totalement transformée. A ce niveau du véhicule des Paramitas, la spontanéité immaculée de la Prajna (tib. Shérab) est sûre de ces intentions. Je traduis plus volontier Meun Lam par Aspiration Sûre.

Dans un tantra, le déroulement respecte strictement une graduation spirituelle. D'abord faire naître une aspiration claire en accord au fruit. Dans la tradition bouddhique on aspire à l'Eveil (Clarté-Vacuité), celui-ci étant le seul refuge contre la souffrance de l'existence conditionnée. Puis on purifie nos saisies dualistes par différentes prières. Vient la phase de génération (tib. Kyé Rim) du Yidam (divinité) qui consiste, par un effort de concentration, à stabiliser l'espace de connaissance-clarté dynamique. En associant l'absorption méditative et la connaissance des commentaires du Symbolique pure reçut du Lama, nous dissiperons les obstacles et les voiles des tendances qui recouvrent la pleine spontanéité. Nous nous aidons également des instructions du Lama sur la récitation extérieure, intérieure et intime du mantra pour intégrer les expériences. Ensuite vient la phase de parachèvement (tib. Dzok Rim) pour parfaire l'espace de la vacuité. Si nous avons exécuté correctement la phase de génération, la phase de parachèvement est aisée. Elle relève de la grâce. Nous nous émanons à nouveau dans la présence claire du Yidam afin de mettre à contribution la nature compassion de la vacuité. Les prières de souhaits pour le bien des êtres sont récitées seulement après. Par la coopération de la compassion et de la vacuité, les souhaits (Meun Lam) sont d'une réelle efficacité.

La perfection de Meun Lam amène l'aptitude au Moyen Habile. Il ne s'agit pas d'un "savoir faire" infaillible ou d'une clairevoyance divine jamais prise au dépourvu. On s'ouvre à la douceur de la spontanéité. Dans l'état ordinaire de nos aspirations égocentriques notre spontanéité est maladroite et parfois impulsive et malencontreuse. Le Moyen Habile est l'alliance du talent et de l'assurance. Ce Moyen Habile est Paramita par la coopération de la Prajna (Shérab). Sa perfection oeuvre dans l'espace de l'improvisation et de l'opportunité. Il n'y a pas le moindre souci d'infaillibilté parce qu'on est dans l'assurance de ses intentions.

La Paramita suivante est celle du Contrôle (tib. Ouang). Il n'y a pas l'idée d'un contrôle inquiet et manipulateur ou l'image du sage impavide et apathique. Avec Ouang, le Yogi s'offre le luxe de la surprise et de la "décontenance". La voie yogique n'est pas d'arriver à être épargné des aléas et désagréments de la vie. C'est aussi illusoire que de vouloir plaire à tout le monde. "Le chemin de la spontanéité a ses risques". En yoga, on parle souvent de contrôle des souffles. Cela peut faire penser à une sorte d'apnée psychique. Mais ce n'est pas le cas. Pour le yogi, tous les moindres petits mouvements de souffles subtils peuvent être intégrés sur le chemin. Certains mouvements de souffles donnent d'ordinaire des sentiments nuancés d'anxiété légére, d'indécision, de vanité (cf. rétention). Avec l'aisance du Moyen Habile et le Contrôle des rétentions, on se libère de la dualité pour pénétrer l'espace primordiale de la Connaissance (Yéshé).