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L’abhidharma peut sembler rébarbatif, intellectuel et théorique. C’est ce que nous allons voir. En tout cas, je souhaite la bienvenue à ceux d’entre vous qui ont le courage et la volonté de l’aborder. Dans une certaine mesure, vous êtes des guerriers...
... Il existe deux façons de revenir aux principes de base. Certaines personnes sont enclines à travailler uniquement sur le plan émotionnel ou intuitif, alors que d’autres trouvent que cette approche n’est pas assez fondamentale et préfèrent se consacrer à l’aspect intellectuel ou théorique. Je ne dirais pas que ces deux approches s’opposent, mais que ce sont plutôt deux moyens d’aborder le sujet. Ici, nous essayons de ne négliger ni l’intellect ni l’intuition, mais de les associer. Une véritable compréhension des enseignements doit allier intelligence et humanité. L’intelligence correspond à l’aspect théorique, alors que l’aspect humain, c’est notre perception personnelle et intuitive de l’enseignement et le processus d’apprentissage que cela implique. On pourrait dire que l’étude de l’abhidharma est théorique en un sens, mais elle est aussi personnelle, individuelle, car elle examine la psychologie de l’esprit humain.
... Nous pourrions commencer par discuter de l’origine de tous les problèmes psychologiques, de l’origine de l’esprit névrotique. Il s’agit d’une tendance à s’identifier aux désirs et conflits liés à un monde perçu comme extérieur. Ce qui nous amène immédiatement à nous demander si ces conflits ont une existence extérieure ou s’ils sont intérieurs. Cette incertitude nous conforte dans l’idée qu’il y a un problème. Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce qui ne l’est pas ? C’est toujours notre plus gros problème. C’est le problème de l’ego. Tout l’abhidharma, dans son contenu détaillé, part du point de vue du non-ego, notion qui ne se réduit pas à l’absence de l’ego lui-même, mais se rapporte aussi à l’absence de ses projections....
.... Question : Pouvez-vous nous reparler de la non-manifestation ?
Réponse de Rinpotché : C’est en rapport avec la peur. C’est fondé sur la peur de ne plus avoir de position solide. L’espace figé, c’est de l’espoir. Il y a de l’espoir, car vous vous débrouillez pour solidifier l’espace afin de pouvoir vous y accrocher. Dans la non-manifestation, vous n’avez rien trouvé, et il y a désespoir total et abandon de l’espoir. Mais en soi c’est une ruse de l’ego, parce qu’abandonner tout espoir, intrinsèquement c’est encore s’accrocher à quelque chose....
... Lorsque nous nous lançons dans la méditation, nous commençons à voir notre situation psychologique de façon très précise et directe. Je pense que le problème fondamental que nous avons tous, c’est que nous sommes très critiques envers nous-mêmes, au point d’être notre propre ennemi. La méditation est un moyen de nous réconcilier avec nous-mêmes, de nous accepter, de nous lier d’amitié avec nous-mêmes. Nous allons peut-être découvrir que nous ne sommes pas aussi mauvais qu’on nous l’a dit. Nous trouverons aussi que la pratique de la méditation n’est pas quelque chose d’exotique, de tellement élevé et inaccessible que c’est hors de notre portée. La pratique de la méditation se passe au niveau personnel et implique une relation intime avec nous-mêmes, une grande intimité. Elle n’a rien à voir avec le fait d’atteindre la perfection ou un quelconque état absolu. La méditation, c’est uniquement pénétrer en nous-mêmes, examiner notre véritable fonctionnement psychologique sans en avoir honte. C’est pénétrer en ce que nous sommes de la bonne façon et en profondeur. C’est juste être ami avec soi-même....
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