Serpent Eau

Qu’on le veuille ou non, dans la confusion
Le verbe serpente en tous faits et gestes,
Nous serre la gorge et le cœur.
Des silences transpercent nos yeux.

Inter-dits et insinuations s’entremêlent
Cherchant les mots qui soulageraient.
Des rancœurs stagnent jusque dans les os.
La moelle de nos souffles engramme des frustrations.

Inhibitions et peurs justifient la haine
Cherchant les maux qui soulageraient.
Les tripes de notre âme se nouent.
Les viscères raisonnent dans leur poison

La panse mentale rumine des prétextes
Cherchant les pansements qui soulageraient.
Poings serrés, la bouche crache son venin.
Vice et râle font le ménage alentour.

Caducée

    Serpent eau

Pourtant, si proche de soi en l’os du vrai,
À la lumière de son propre abandon
Un baume naturel de douceur s’épanche
Qui révèle le tréfonds indemne de soi-même.

Pourtant, à fleur du verbe primordial,
À la surprise de l'enstase
Un caducée transversant l’illusion
Se délivre sans duel de soi-même

Pourtant, loisible et à portée d’esprit
À la chaleur de son aspiration
Une sève innée de vitalité embrase
Cette joie qui ne garde rien pour soi-même.

Une fois pour toute et à jamais
À la grâce de sa propre liberté
Un dénoûment fluide de paix
Gagne sans conquête le droit d’être soi-même.

                                                                     Lama Shérab janvier 2013