La montgolfière de l’aspiration
Quand la montgolfière de l’aspiration à l’Éveil
Est clouée au sol par les préoccupations temporelles
Il est vain de croire que l’on s’est réellement engagé
Et notre affirmation n’est jamais qu’un souhait différé.
Ô mon esprit, ton aspiration te semble solide
Et pourtant tu t’effondres et perd toute espérance.
Tu affirmes avoir foi en les enseignements qui libèrent de la souffrance,
Et pourtant te voilà terrassé par les vicissitudes de l’existence.
De quelle préoccupation temporelle t’es tu entichée
Pour que l’esprit d’Éveil soit mis de côté ?
Qu’est-ce qui sans cesse te fait chuter
Pour que régulièrement un gouffre s’ouvre sous tes pieds ?
Tant que tu n’as pas déterminé à quoi tu restes accroché,
La montgolfière de l’aspiration ne pourra pas décoller.
Trouve donc l’objet de ton ébranlement
Et tu sauras à quoi dire oui, à quoi dire non.
Est-ce que ton existence se fonde sur l’affectivité ?
Un compagnon, une famille, des amis, le besoin d’être aimé ?
La frustration, la séparation ou le deuil peuvent-ils te faire oublier
Que seul l’Amour des bouddhas est l’immuable félicité?
Est-ce la santé, la sauvegarde de ton intégrité
Qui va être l’objet de toutes tes pensées ?
La douleur extrême, la déchéance, la perte d’une faculté
Peuvent-elles annihiler ta volonté à pratiquer ?
Si tu perdais la reconnaissance de tes paires
Si tu étais blâmé, calomnié ou oublié,
Si tu tombais dans le dénuement,
Garderais tu confiance dans les enseignements ?
Dans le rejet, l’abandon ou la trahison,
Dans l’injustice ou dans l’humiliation,
Saurais-tu garder les rennes de ta détermination
Et maintenir le cap de ton aspiration ?
Ô mon esprit,
Je suis fatiguée d’être ébranlée à la moindre contrariété.
Victime de mes propres pensées et humeurs,
Fruit de mes doutes et de mes innombrables peurs.
Quel risque y aurait-il à les laisser tomber ?
Osant l’abandon sans plus tergiverser,
Il est temps maintenant de basculer dans la confiance,
Et que l’élan qui nourrit ma soif d’existence,
Puise désormais sa source dans l’aspiration innée
Nichée en mon propre cœur.
Fabienne Retraite à Yogi Ling, mai 2013 |