Le Seigneur de Refuge Dordje Tchang Bokar Rimpoché
Un court récit de son Activité
éveillée
Puissant Bokar Vajradhara, pense à moi ! Bokar
Vajradhara aux pouvoirs immenses, pense à moi !
Du royaume sublime d’Akanishta, veille sur moi,
Accorde-moi tes bénédictions afin que je
réalise le Mahamoudra de tous les phénomènes
apparents,
Et que j’atteigne ainsi le Dharmakaya, l’état de
non-méditation.
Gyaltsap Rimpoché
Montrer la voie de la libération
Courte bibliographie de Kyabje Dordje Tchang Bokar
Rimpoché, Karma Ngédeun Cheukyi Lodreu
Ecrite par Khempo Lodreu Donyeu Rimpoché
Namo Guru Munendra Ye
Ô parfaits Bouddhas richement dotés des dix
pouvoirs,
Détenteurs du Dharma authentique, libérés
des kleshas/ de toute émotion perturbatrice, porteurs/ayant
réalisés/ inclus comprise dans les
[vérités]de la cessation et du chemin,
Ô Assemblée Suprême dotée des
qualités fondamentales des moyens et de la sagesse,
Que tout soit continuellement sous la protection des trois
Joyaux !
Dans les dix directions vous avez étendu la
bannière de victoire de la pratique de l’essence des
enseignements du Bouddha
Ô noble lama incomparable, guide suprême,
protecteur de refuge des êtres,
A vos pieds, Ngédeun Cheukyi Lodreu, je me
prosterne.
Voici un très court récit de l’activité
éveillée de celui qui, tel un flambeau, illumine les
enseignements du Bouddha et détient les pratiques essentielles
des inégalables lignées Dakpo et Shangpa Kagyu. Celui
dont l’esprit est entièrement imprégné de
compassion et de bienveillance, le grand bodhisattva qui aime et
chérit les autres plus que lui-même, le Seigneur de
Refuge Bokar Rimpoché, Karma Ngédeun Cheukyi Lodreu,
à la bonté incomparable.
Quelques mots tout d’abord sur l’incarnation
précédente de Kyabje Bokar Rimpoché :
Zhalye Tsampa Rimpoché. On dit que le Seigneur du Dharma, Lama
Karma Sherab Ozer, était une émanation du Bodhisattva
Dawa Gyaltsen. Il naquit au cours de l’année Cheval de Fer du
quinzième cycle de soixante années (1890) dans un
village appelé Minyak situé dans une région du
Tibet oriental. Dès son plus jeune âge, il avait
l’esprit d’un renonçant. Il entra assez jeune au
monastère Bo Gang Kar où il resta quelques temps. Fort
de la profonde conviction et de la ferme résolution à
abandonner toute activité mondaine et à cesser toute
errance, il décida, tout absorbé qu’il était par
l’essence de la pratique, de renoncer à sa famille, à
ses amis et à tous ses biens. Ainsi, à l’âge de
seize ans, il se mit en route pour rejoindre le monastère de
Tsourphou, siège du Gyalwang Karmapa Khakyab Dordje. Sa
Sainteté le Karmapa lui transmit les initiations principales,
les instructions et les explications sur l’océan des tantras
profonds et secrets, tout particulièrement le cycle complet
des enseignements sur le Mahamoudra et les six yogas. Ensuite, il
pratiqua pendant de longues périodes à Lachi et dans
tous les lieux de pratique sacrés associés à
Jetsun Milarépa. Il séjourna surtout dans la grotte
céleste située dans la région Ngari de
Drongjang, dans le Tibet occidental. Montrant peu
d’intérêt pour sa propre vie, il éleva la
bannière de victoire de la pratique en s’adonnant à un
ascétisme intense réalisant de nombreux exploits.
Ainsi, sans discontinuer il accomplit 1000 Nyoung-Nés.
Grâce à cette pratique, son courant de conscience
s’emplit des qualités incommensurables de bodhicitta, de
samadhi et il développa des capacités de perception
extraordinaires.
Plus tard, sur l’exhortation du Gyalwang Karmapa Khakyab Dordje,
il fonda un monastère dans la région de Ngari dans le
Tibet occidental. Une fois les bâtiments construits, les salles
de pratique aménagées avec les supports
nécessaires (statues, textes, etc.), une communauté
monacale/religieuse s’établit et le monastère prit le
nom de Tashi Rabten Ngédeun Gepel Ling. En manifestant son
activité éveillée sur les trois plans, son
influence s’étendit dans toutes les directions. En l’an du
Tigre d’Eau du seizième cycle (1938), son corps
d’émanation s’en alla rejoindre la paix immuable du
dharmadhatou.
L’incarnation suivante de Karma Sherab Ozer, le Seigneur du
Dharma, fut notre guide suprême, Kyabje Dordje Tchang Bokar
Rimpoché, Karma Ngédeun Cheukyi Lodreu Pel Zangpo. Son
père et sa mère, Tsenal et Sonam Yudreun étaient
membres du clan Kyangrang (parmi les neuf groupes de populations
nomades de la région de Ngari dans le Tibet occidental). Leur
fils vit le jour l’année du Dragon de Fer du seizième
cycle, c’est-à-dire le 15 octobre 1940. A l’âge de
quatre ans, il fut retrouvé selon les prédictions
énoncées dans une lettre du Gyalwang Karmapa Rigpai
Dordje et reconnu comme la réincarnation incontestable du
Seigneur du Dharma, Lama Zhalye Tsampa Rimpoché. Ainsi, il fut
intronisé au monastère Bokar au cours d’une
cérémonie pleine de grâce conduite avec soin,
raffinement et précision. Une fois l’alphabet acquis, il
apprit à lire et à écrire puis il
commença à étudier le dharma et à
s’entraîner aux activités dharmiques. En 1948, le
Gyalwang Karmapa Rigpai Dordje qui se rendait en pèlerinage au
Mont Kailash, s’arrêta dans les monastères de Mendong et
de Bokar. A l’occasion de l’anniversaire du jour où le Bouddha
tourna pour la première fois la roue des enseignements, le
suprême tulkou [Bokar Rimpoché] reçut
l’ordination de novice de Sa Sainteté le Karmapa et le nom de
Karma Ngédeun Cheukyi Lodreu Pel Zangpo.
Lorsqu’il eut treize ans, Kyabje Rimpoché se rendit
à Tsourphou pour poursuivre ses études et ses
pratiques. Il y resta trois ans apprenant les tantras
spécifiques à la lignée et tous les rituels
liés à ces pratiques. Du Gyalwang Karmapa, il
reçut tout particulièrement les initiations et les
instructions relatives à l’océan des mandalas des trois
racines.
Puis une fois revenu au monastère Bokar, son propre
siège, il continua à étudier comme auparavant.
Par ailleurs, il répondit aux souhaits des communautés
monacales et laïques en transmettant aux pratiquants remplis de
foi de nombreuses initiations et enseignements. Vers la fin de
l’année 1958, selon le souhait du Gyalwang Karmapa,
Rimpoché retourna à Tsourphou pour rencontrer Sa
Sainteté. Après la clôture des
cérémonies du nouvel an Cochon de Terre (1959), le
quinzième jour du mois des miracles, dans la résidence
appelée Tashi Khyil, Rimpoché reçut l’ordination
complète en présence du nombre requis de moines
dûment ordonnés, que lui prodigua le Grand Régent
des enseignements du Bouddha, Palden Rangjung Rigpai Yeshé
Lungtok Cheukyi Nyima Thrinlé Deunkun Droubpai De Pel Zangpo
[S.S. le seizième Karmapa] agissant à la fois au titre
d’abbé et de maître vajra. Non seulement Bokar
Rimpoché observa assidûment et soigneusement le
précieux enseignement de la conduite éthique, base de
toutes les qualités vertueuses, mais il conféra
l’ordination de novice et l’ordination complète à plus
de 1000 pratiquants dès la dixième année suivant
son ordination et ce jusqu’à la fin de sa vie.
En 1959, afin d’éviter les exactions en cette
période troublée de l’invasion chinoise au Tibet,
Rimpoché traversa le Népal pour se rendre à
Darjeeling en Inde. Puis, il poursuivit sa route jusqu’à
Rumtek au Sikkim où il resta près du Gyalwang Karmapa.
Là, Rimpoché continua à étudier et parmi
les différents maîtres spirituels qu’il rencontra,
Dilyak Droupeun Tendzin Rimpoché lui transmit les
enseignements sur les instructions orales du Bouddhisme en
général et de la tradition spécifique des Karma
Kagyu.
En 1964 au monastère de Dotsuk à Darjeeling, Kyabje
Kalou Rimpoché lui transmit les différents tantras de
la tradition Karma Kagyu. De plus, il reçut le cycle complet
des enseignements des Dharmas d’Or de la glorieuse tradition Shangpa
Kagyu, le rituel de Kalachakra spécifique de la tradition
Jonang, l’ensemble des cent initiations de Jonang Rinjung ainsi que
les initiations et les lectures rituelles des ??. Après
avoir reçu les instructions relatives à la tradition du
Mahamoudra du Flambeau de la certitude, Rimpoché accomplit les
cinq fois cent onze mille pratiques préliminaires.
En 1966, Kyabje Kalou Rimpoché créa un centre de
retraite de trois ans et trois mois dans son monastère
à Sonada situé dans la région de Darjeeling.
Bokar Rimpoché avait depuis longtemps souhaité
participer à une telle retraite et comme toutes les conditions
favorables étaient réunies, Rimpoché put
réaliser son souhait et s’engager pleinement dans les
pratiques de la retraite. Tout d’abord, les retraitants
effectuèrent les pratiques préliminaires
destinées à l’accumulation de mérite et à
la purification des voiles. Le noyau principal du programme de
retraite comprenait le rituel des cinq déités
tantriques : Ghuyasamaja, Mahamaya, Hevajra, Chakrasamvara et
Vajrabhairava. Les cinq Dharmas d’Or de la glorieuse lignée
Shangpa Kagyu constituaient un autre élément-clé
du programme. Les différentes parties d’un arbre illustrent
ces pratiques : les racines sont les six yogas de Nigouma ;
le tronc est le Mahamoudra ; les branches sont les trois moyens
de suivre la voie ; les fleurs sont les dakinis rouges et
blanches ; le fruit est la pratique de l’immortalité
authentique/ pure immortalité. La pratique de Tchadroupa, le
protecteur de sagesse à l’action rapide, était
également comprise dans le programme. Ayant totalement
reçu de la part de Kyabje Kalou Rimpoché les
initiations qui font mûrir, les explications qui
libèrent ainsi que l’ensemble des instructions relatives
à l’océan des trois racines innombrables,
Rimpoché en était empli dans son être tout
entier. C’était comme si le contenu d’un vase avait
été entièrement transféré dans un
autre. S’étant engagé avec assiduité dans ces
pratiques, il fit l’expérience de leur profondeur et du
samadhi. En outre, Rimpoché aidait ses compagnons de retraite
entre les sessions de pratique, jouant le rôle d’instructeur,
les guidant dans les différentes formes extérieures et
les méthodes de récitation des tantras, soulignant les
points importants relatifs aux phases de création et
d’achèvement. A la fois pratiquant remarquable et excellent
enseignant, Rimpoché accomplit cette retraite avec
brio/grandeur/ succès.
Pour la seconde retraite organisée à Sonada,
Rimpoché eut la responsabilité d’assurer les fonctions
de maître de retraite. Il transmit les initiations et les
instructions nécessaires et passa également de nombreux
mois dans le centre de retraite à pratiquer lui-même les
différentes sadhanas. A cette époque, il rencontra
également différents maîtres et reçut de
nombreuses initiations et instructions des nouvelles et anciennes
transmissions. Il reçut tout particulièrement de Zigar
Khempo Noryang Rimpoché une explication
détaillée du Sens intérieur profond.
En 1974 Rimpoché entra à nouveau en retraite
à Sonada pour une nouvelle période de trois ans et
trois mois qu’il consacra aux instructions Kamtsang et aux six yogas
de Naropa. Les pratiques principales étaient les
suivantes : les préliminaires ; les gourou yogas de
Marpa, Milarépa et Gampopa ; les trois yidams principaux
Vajrayogini, Chakrasamvara et Gyalwa Gyatso ; le Mahamoudra et
les six yogas. Rimpoché s’engagea totalement dans toutes ses
pratiques qu’il effectua avec soin et application. Après cette
retraite, il se remit à étudier auprès de Khempo
Noryang Rimpoché qui lui transmit les explications
détaillées du Tantra d’Hevajra en deux points.
En 1978 le Gyalwang Karmapa Rigpai Dordje et Kyabje Kalou
Rimpoché nommèrent ensemble Bokar Rimpoché
maître de retraite à Yiong Samten Ling, le centre de
retraite rattaché au siège du Karmapa à Rumtek.
Il guida les participants à quatre retraites de trois ans et
passa lui-même la plus grande partie de son temps dans le
centre de retraite pour y effectuer les différentes pratiques.
Pendant les diverses phases du programme de pratiques,
Rimpoché prodigua aux retraitants des enseignements sur les
préliminaires qui permettent d’accumuler du mérite et
de purifier les voiles. Il conféra les initiations et les
instructions relatives aux pratiques des trois racines ; il
transmit les instructions profondes sur le Mahamoudra et enseigna les
six yogas. Par ailleurs, Rimpoché fournit des explications
détaillées sur les commentaires de Jamgon [Kontrul]
Lodreu Thayé relatifs au Sens intérieur profond, au
Tantra d’Hevajra en deux points et à l’Uttaratantra Sastra (un
commentaire sur la nature de bouddha). A cette époque,
Rimpoché conféra également l’initiation
d’Hevajra et en présenta la pratique basée sur le
mandala de sable. Dès lors et jusqu’à ce jour, la
pratique d’Hevajra est effectuée dans le temple principal au
siège de Rumtek.
En 1980, sur une période de trois mois, Kyabje Bokar
Rimpoché conféra à Leurs Eminences Jamgon
Rimpoché et Gyaltsab Rimpoché une explication du Tantra
d’Hévajra en deux points ainsi que d’autres textes. En 1981
lorsque l’esprit du Gyalwang Karmapa Rigpai Dordje alla rejoindre le
dharmadhatou, Rimpoché resta au siège à Rumtek
pendant les quarante neuf jours des cérémonies dont il
fut le principal officiant auprès du précieux kudoung
de Sa Sainteté. Rimpoché et d’autres lamas
veillèrent à ce que toutes les cérémonies
soient soigneusement effectuées dans les règles de
l’art, conformément aux instructions stipulées dans les
textes sacrés, y compris le bain rituel initial, la parure du
corps avec les vêtements requis, la mise en place correcte des
inscriptions des syllabes. Peu de temps après, Kyabje Kalou
Rimpoché transmit à Bokar Rimpoché
accompagné des Fils de cœur du Karmapa, ainsi qu’à
d’autres tulkous et lamas plus âgés les
différents niveaux de l’initiation de Kalachakra. Ils en
reçurent également les instructions relatives aux
formes extérieures et aux différentes traditions.
En 1983, sur une période de six mois, Kyabje Kalou
Rimpoché conféra les initiations du Rinchen Terdzeu et
transmit les lectures rituelles aux fils de cœur de la lignée
ainsi qu’à plus d’un millier de moines, de nonnes et de
laïcs. En même temps qu’il recevait les transmissions,
Bokar Rimpoché exerçait la fonction de premier
officiant tout au long des rites d’initiations [une tache
extrêmement complexe et très accaparante] dont il
avait l’entière responsabilité : il s’agissait de
prévoir tout le nécessaire pour les textes
d’initiations, de préparer tous les accessoires et les objets
rituels, d’organiser le mandala de l’autel, etc.
En 1984 à Mirik dans le district de Darjeeling, Kyabje
Bokar Rimpoché fonda son monastère appelé Bokar
Ngedeun Chokhor Ling. Là en 1986, il créa un centre de
retraite dédié à la suprême pratique de
Kalachakra. Rimpoché resta lui-même plusieurs mois en
retraite, plongé dans les deux phases de la méditation.
Il donna de nombreuses fois les initiations, les instructions et les
explications complémentaires du Kalachakra au sangha de son
monastère et aux retraitants et expliqua en détail tous
les différents aspects de la forme extérieure de la
pratique. Depuis, chaque année entre le cinquième et le
quinzième jour du troisième mois lunaire, les
retraitants et l’ensemble de la communauté des moines
créent un mandala de sable et effectuent ce rituel complexe
basé sur le mandala de l’esprit, de la parole et du corps du
suprême Kalachakra. Par ailleurs, chaque mois à la
pleine lune, ils exécutent la sadhana des neuf
déités de Kalachakra, avec offrande des rituels
correspondants et de la pratique des cent classes de yoginis. Ces
traditions étant bien établies, elles se poursuivent
aujourd’hui encore. Tout le mérite en revient à
Rimpoché qui a énormément contribué
à promouvoir les enseignements de ce roi des tantras.
Le 10 mai 1989, au siège de son monastère de
Sonada, l’esprit de Kyabje Dordje Tchang Kalou Rimpoché se
fondit dans le dharmadhatou et Bokar Rimpoché en
éprouva une profonde tristesse. Cependant, afin d’exaucer les
souhaits purs de son noble et suprême lama, Rimpoché
resta nuit et jour près du précieux kudoung pendant la
période de quarante neuf jours consacrée aux
cérémonies. Il prit personnellement à cœur de
s’assurer du bon déroulement de toutes les activités
nécessaires liées à ces cérémonies
au titre d’officiant principal auprès du kudoung. Tout en
ouvrant les mandalas du suprême Kalachakra et des autres
déités, à partir de l’état où la
déité principale du mandala et le lama deviennent
indifférenciés, Rimpoché offrit des
prières, adressa des suppliques et reçut les quatre
initiations. Rimpoché resta continuellement absorbé
dans le samadhi à l’unique saveur, immergé dans la
conscience-intelligence primordiale toute-pénétrante et
parfaitement pure de grande félicité du suprême
et glorieux lama.
Pendant la période qui suivit, Bokar Rimpoché
conféra à Sonada de nombreuses initiations et les
instructions correspondantes ; il donna à la
communauté de moines et de retraitants de précieux
conseils. Il se rendit également à l’étranger
dans différents centres du dharma et centres de retraite en
occident et en orient afin de continuer à enseigner aux
nombreux disciples du noble et suprême lama. Grâce
à l’ambroisie du Dharma qui fait corps avec les besoins et la
sensibilité de chacun, Rimpoché a fait mûrir le
courant de conscience de nombreux êtres. De plus, il s’engagea
personnellement à perpétuer le grand rassemblement du
Meunlam à Bodhgaya [que Kyabje Kalou Rimpoché avait
inauguré]. Il travailla également beaucoup en vue
d’exaucer le dernier vœu de son noble et suprême lama : la
traduction en anglais du Trésor de connaissance. En bref,
Kyabje Bokar Rimpoché s’appliqua à la
réalisation de toutes les volontés de son
précieux lama.
Après la reconnaissance de la suprême
réincarnation de Kyabje Dordje Tchang [Kalou Rimpoché],
Rimpoché lui offrit son premier bain rituel et ses nouvelles
robes ; il présida toutes les cérémonies
d’intronisation. Puis, il lui apprit l’alphabet, la lecture et
l’écriture et guida Yangsi Kalou Rimpoché dans tous les
divers aspects de ses études. Il lui conféra tout
particulièrement la globalité des initiations, des
lectures rituelles et des instructions relatives à
l’océan des tantras profonds et secrets, [qui comprennent la
totalité des trésors de la lignée], comme un
père transmet à son fils toute sa richesse et tous ses
biens.
En 1991, Kyabje Jamgon Kongtrul Rimpoché fonda un centre
de retraite à Lava (près de Kalimpong)
dédié aux pratiques de la lignée Shangpa Kagyu.
Peu de temps après il fit également construire un
centre de retraite à Pullahari plus spécifique à
la pratique des six yogas de Naropa selon la tradition Karma Kagyu.
En réponse à la requête de Kyabje Jamgon
Rimpoché, Bokar Rimpoché assuma la
responsabilité de donner les initiations et les instructions
majeures et secondaires lors de toutes les retraites successives qui
se déroulèrent dans les deux centres, une charge qu’il
honora à la perfection.
En 1992, Kyabje Bokar Rimpoché se rendit au siège
suprême de Tsourphou afin de participer aux grandes
cérémonies d’intronisation du sublime et glorieux
Gyalwang Karmapa Orgyen Drodul Trinle Dordje. L’année suivante
Rimpoché retourna au siège d’origine des tulkous Bokar
et fonda un centre de retraite pour la pratique de la tradition des
six yogas de Naropa. Rimpoché conféra de nombreuses
initiations et instructions à la fois des anciennes et des
nouvelles traditions tout d’abord à tous ceux qui entraient en
retraite, mais aussi aux sanghas de Bokar Gonpa, Medong Gonpa, Gegye
Gonpa, Sakde Gonpa, Merkha Gongpa et Lobo Gonpa pour n’en citer que
quelques uns. Il transmit tout particulièrement la
globalité des initiations, des lectures rituelles et des
instructions associées aux trois racines de la tradition Karma
Kagyu. Il conféra les vœux de novice et de pleine ordination
au sangha et instaura les trois fondements des activités de la
communauté monacale/monastique. Grâce aux multiples
moyens des traditions des sutras et des tantras, Rimpoché
répandit les bienfaits du Dharma aux quatre coins du monde.
En 1996, dans son monastère de Bokar Ngedeun Chokhor Ling
à Mirik, Rimpoché fonda le centre de retraite Zungjuk
Gatsal Ling. Son seul et unique objectif est de permettre de
pratiquer le profond chemin des six yogas de Naropa ; le
Mahamoudra, la voie de la libération ; les
différents tantras de la tradition Karma Kagyu et les deux
phases du rituel du glorieux/sublime Kalachakra.
En 1999, au monastère Tashi Cheuling dans la province du
Podong au Sikkim, Kyabje Rimpoché finança
lui-même entièrement la construction d’un centre de
retraite de trois ans dédié aux six yogas de Naropa qui
prit ensuite le nom de Ngedeun Gatsal Ling. Outre les
différents bâtiments, il offrit également
généreusement toutes les statues, les textes et les
divers objets rituels nécessaires. Bien entendu, il donna
à tous les retraitants les initiations, les lectures rituelles
et les explications utiles à leurs pratiques. Actuellement,
une deuxième retraite est en cours.
En 2000, dans le camp tibétain de Mungod, Rimpoché
fonda un Shédra [une université de hautes études
du bouddhisme] qu’il intitula Thosam Norling. Les étudiants y
étudient avec diligence les principaux ouvrages de leur
tradition et réalisent ainsi d’immenses progrès.
Par ailleurs, depuis 1992 Kyabje Rimpoché a guidé
chaque année un séminaire de deux semaines qui avait
lieu en Inde et auquel ses disciples pleins de foi, venus d’orient et
d’occident participaient pour recevoir ses enseignements et ses
instructions. Au cours de ces séminaires, Rimpoché a
présenté et développé les points
essentiels des enseignements du Bouddha reliés aux pratiques
suivantes : les différentes étapes des pratiques
préliminaires permettant d’accumuler du mérite et de
purifier les négativités ; le corps principal de
la pratique concernant les méditations de chiné,
lhaktong et mahamoudra ; le yidam de la grande compassion. Les
bienfaits temporels et relatifs de la pratique apparaissent
clairement à de nombreux disciples : ils ressentent en
effet un bien-être physique et mental qui résulte de la
méditation. A un niveau ultime, la capacité
extraordinaire de Rimpoché à former ses disciples et
à les faire grandir, les amène infailliblement sur les
terres divines de la suprême libération.
En bref, l’unique refuge, le Seigneur suprême du mandala a
lui-même parfaitement exploré et
pénétré les profondeurs de l’apprentissage, de
la contemplation et de la méditation ; il a ainsi
accompli son propre bien. Mais Kyabje Bokar Rimpoché a bien
plus encore dédié son activité
éveillée au bien des êtres, des précieux
enseignements du Bouddha en général et à
l’inégalable doctrine des Dakpo et Shangpa Kagyu en
particulier en offrant ses explications, ses pratiques, ses
activités et toute la multitude des autres aspects de sa vie
qui s’érige en modèle exemplaire pour nous. Il a
été le parfait détenteur et propagateur des
enseignements.
Au début de cette année, Rimpoché s’est
rendu à Dharamsala pour bénéficier de la
présence du glorieux Gyalwang Karmapa au monastère de
Gyuto. A titre d’offrande de Dharma, il exposa à Sa
Sainteté une explication de l’Uttaratantra Shastra
d’après le commentaire de Jamgon Lodreu Thayé. Peu de
temps après, Rimpoché donna ici à Mirik les
enseignements annuels du dharma à une assemblée de plus
de deux cent personnes. De nombreux lamas, tulkous et khempos venus
d’Inde et du Népal se réunirent avec les moines, les
lamas et les khempos résidant au siège de son
monastère. Rimpoché transmit de longs enseignements
à partir du commentaire de l’Uttaratantra Shastra de Jamgon
Lodreu Thayé et offrit des explications sur les
points-clés du Mahamoudra. Par la suite, Rimpoché
reçut, avec d’autres lamas seniors de son monastère les
enseignements, l’initiation et les explications de la pratique en six
points de la phase d’achèvement de Kalachakra de la part de
Khenchen Kunga Sherab Salje de la tradition Jonang.
Ici au siège de Rimpoché à Mirik, la
construction du centre de retraite Dechen Gatsal Ling,
dédié aux enseignements des cinq Dharmas de la
glorieuse lignée Shangpa Kagyu et de la pratique en six points
de Kalachakra, s’est terminée sans encombres et
Rimpoché avait prévu d’y accueillir prochainement une
vingtaine de pratiquants. Par ailleurs, la construction du nouveau
grand temple avec l’aménagement de toutes les statues, de tous
les textes et supports rituels nécessaires est presque
achevée.
Le huitième jour du sixième mois lunaire 2004,
Rimpoché ordonna cinquante moines novices et huit autres
reçurent l’ordination complète. A cette occasion, il
prodigua ses conseils et rappela combien il est important de
s’appliquer sincèrement à adopter la conduite morale
juste qui rende hommage aux Bouddhas, soulignant qu’il serait bon
d’en prendre soin comme de la prunelle de ses yeux. Une fois de
retour chez lui, il fit le commentaire suivant :
« Aujourd’hui j’ai fait un petit quelque chose au service
des enseignements du maître de grande compassion. »
Il manifesta une grande joie d’avoir pu agir de la sorte.
Puis, le seizième jour du sixième mois lunaire,
Kyabje Dordje Tchang Bokar Rimpoché, au titre de
supérieur du monastère s’engagea dans la retraite
annuelle traditionnelle en période de mousson en compagnie de
quatre-vingt moines pleinement ordonnés et de 108 moines
novices. Ayant promis de ne pas transgresser les codes de conduite
tels qu’ils ont été définis par le Bouddha, le
Maître des Munis et comme le préconisent les textes du
vinaya, le sangha resta parfaitement absorbé dans
l’apprentissage et l’étude du profond Dharma dans le temple
principal.
Le matin du 17 août 2004, deuxième jour du
septième mois lunaire, Kyabje Khenchen Dordje Tchang [Bokar
Rimpoché], âgé de soixante quatre ans, se rendit
dans le temple principal où se dresse la statue majestueuse et
rayonnante du Bouddha Shakyamouni, le Grand Compatissant. Evoquant la
bonté du Bouddha, l’esprit concentré et empli de foi,
Rimpoché conduisit les récitations de prières
matinales avec la Louange au Bouddha, le rituel de prières en
trois phases et termina la session avec les vœux de Bodhisattva.
Paré de la bannière de victoire des trois robes, tel
que le Bouddha l’a énoncé, Rimpoché, le
Vainqueur transcendant, exhalant le doux parfum de la conduite
éthique, s’en alla soudain vers le royaume pur d’Akanishta, le
dharmadhatou, approchant la présence de Shakyamouni, le
maître inégalable, comme un enfant viendrait se blottir
dans le giron de sa mère.
En raison de notre mérite insuffisant, le protecteur
incomparable de la doctrine et de tous les êtres, l’unique
refuge, le seigneur du mandala, l’esprit de Kyabje Bokar
Rimpoché est parti temporairement pour le bien d’autres
êtres. Sans refuge et sans protecteur, nous nous sentons
démunis et consternés. Cependant nous avons reçu
de merveilleuses lettres de condoléances et des prières
spécialement composées pour le prompt retour de la
suprême réincarnation de notre noble lama. Elles
provenaient du Dalaï-Lama, le protecteur de refuge souverain et
tout-connaissant ; de Gyalwang Karmapa, la couronne de joyaux
des enseignements de la lignée des pratiques ; de Son
Eminence Chamgon Taï Sitou Rimpoché ; de Kyabje
Khenchen Thrangu Rimpoché ; de Kyabje Nyenpa
Rimpoché et du Vénérable Tenga Rimpoché.
Afin d’exaucer tous les souhaits du protecteur suprême
concernant les enseignements et les êtres et afin que sa noble
réincarnation nous revienne rapidement dans sa manifestation/
expression paisible, de nombreuses personnes se sont
rassemblées aujourd’hui dans le grand temple en
présence du joyau qui-exauce-tous-les-souhaits du kudoung qui
a été installé avec le plus grand soin.